Hypnose de régression : explorer les souvenirs d'enfance avec prudence

Récemment, une personne est venue me consulter pour explorer des souvenirs d’enfance qu’elle ressentait comme flous ou incomplets. Lors d’une séance utilisant des techniques hypnotiques, certaines sensations et images anciennes sont réapparues. Mais je le précise toujours clairement : ce qui émerge n’est pas une preuve de ce qui s’est réellement passé.

Notre mémoire n’est pas un enregistrement fidèle. Sous suggestion hypnotique, le cerveau peut combiner des émotions anciennes, des perceptions déformées, des fragments de récits entendus — et parfois produire des scènes qui n’ont jamais eu lieu. Ces constructions mentales, appelées faux souvenirs, sont involontaires, mais elles peuvent avoir des conséquences réelles.

L’hypnose de régression : un outil à manier avec rigueur

L’hypnose dite « de régression » permet d’explorer des expériences perçues comme anciennes, souvent liées à des réactions émotionnelles persistantes. Dans un cadre thérapeutique encadré, elle peut offrir un espace pour comprendre l’origine perçue d’une peur, d’un blocage ou d’un schéma répétitif.

Mais elle ne restitue pas le passé tel qu’il a été. Elle donne accès à la manière dont le cerveau a interprété et intégré certaines expériences passées — ce qui n’est pas la même chose. Et cette différence est cruciale.

Quand le cerveau reconstruit le passé

Dans les années 1980–1990, des cas documentés — comme ceux liés à la « panique satanique » — ont montré comment des souvenirs d’abus rituels, entièrement fictifs, ont pu être « retrouvés » lors de séances utilisant des techniques suggestives, dont l’hypnose. Ces récits, sincères pour ceux qui les rapportaient, ont conduit à des accusations infondées, des procès, et des vies bouleversées.

Cet épisode illustre un fait établi en psychologie cognitive : la mémoire est malléable, surtout en contexte de forte suggestion. L’hypnose, par sa nature immersive et sa focalisation sur l’imagination, peut amplifier cette vulnérabilité.

Points essentiels à retenir

  • L’hypnose n’est pas un détecteur de vérité. Elle explore la représentation interne du passé, pas les faits objectifs.
  • Les images ou émotions qui surgissent lors de séances hypnotiques sont des constructions subjectives — utiles pour comprendre le fonctionnement actuel, mais non vérifiables comme souvenirs historiques.
  • Un accompagnement par un praticien formé, neutre et éthique est indispensable pour éviter les inductions, respecter les limites, et ne pas confondre interprétation et réalité.

Le but n’est pas de retrouver le passé, mais de comprendre le présent

L’hypnose ne vise pas à exhumer des scènes anciennes pour elles-mêmes. Son utilité réside dans la possibilité de relier des réactions actuelles à des schémas perçus comme anciens, afin de mieux les identifier et, si besoin, les modifier.

Explorer le passé peut avoir du sens — à condition de ne pas le confondre avec une vérité définitive. Ce qui compte, c’est ce que vous vivez aujourd’hui, et la manière dont vous pouvez agir, ici et maintenant, avec plus de clarté.